Créée dans les années 80 dans un contexte d’augmentation du chômage, l’insertion par l’activité économique (IAE) est un tremplin vers le marché du travail « classique ». Les structures d’insertion par l’activité économique font la jonction entre l’économique et le social, en s’appuyant à la fois sur le marché et le financement public pour développer de l’activité tout en assurant leur mission sociale. Elles font figure d’outil d’insertion sociale et professionnelle.
Qu'est ce que les structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) ?
Les structures d'insertion par l'activité économique (SIAE) luttent contre l’exclusion et le chômage et obtiennent d’excellents résultats en matière d’insertion professionnelle. La recette du succès pour le retour à l’emploi: un contrat de travail de 24 mois maximum proposé aux personnes sans emploi, à des bénéficiaires du RSA, à des personnes en difficultés sociales et professionnelles particulières, avec comme seul prérequis leur motivation de se (ré)-insérer professionnellement.
C’est l’opportunité pour les bénéficiaires de ces structures de se former et de reprendre confiance en offrant des prestations et/ou des produits. Le salaire permet de rouvrir l’accès aux droits, de se stabiliser, et de redevenir disponible pour imaginer et construire un nouveau projet de vie. Une nouvelle dynamique accompagnée par les professionnels des structures d'insertion par l'activité économique afin d’acquérir de nouvelles compétences, de lever les freins à l’emploi et de régler certains problèmes liés au logement, à l’accès aux droits, à la mobilité ou à la santé, etc.
Les structures d’insertion par l’activité économique sont particulièrement adaptées aux personnes sortant de prison car, en les aidant à se réinsérer professionnellement, elles leur permettent d’éviter la récidive.
Il existe plusieurs types de structures d'insertion par l'activité économique : l’Association intermédiaire (AI), l’Atelier et Chantier d'Insertion (ACI), l’Entreprise d'insertion (EI), l’Entreprise de travail temporaire d'Insertion (ETTI), l'Entreprise d’Insertion de Travailleurs Indépendants (EITI). Toutes ces structures relevant de l'insertion par l'activité économique sont conventionnées, à ce titre, par l’Etat et concluent des contrats de travail avec des personnes éloignées de l’emploi.
Pour être reconnue en tant que structure d'insertion par l'activité économique, il faut obtenir un conventionnement annuel ou pluriannuel (3 ans maximum) délivré par l’État à partir d’un dossier unique soumis par le représentant de la structure d'insertion par l'activité économique.
Ce dossier doit détailler le projet d’insertion (modalités d’accueil en milieu de travail, objectifs de l’accompagnement socioprofessionnel, formations et encadrement proposés…), il doit respecter un certain nombre d’engagements en faveur de la lutte contre le chômage et les exclusions. Ce conventionnement permet notamment de reconnaître le nombre de postes d’insertion en équivalent temps plein (ETP) pourvus par des personnes orientées par Pôle Emploi, le PLIE, la Mission Locale, en candidature spontanée ou encore par un prescripteur habilité.
Les organismes qui mettent en œuvre des chantiers d’insertion perçoivent de la part de l’Etat une aide financière appelée « aide au poste d’insertion » via « l’ASP ». Cette aide permet de financer une partie des salaires des personnes en CDDI et une partie du salaire des ETI. Le Conseil Départemental est aussi acteur de l’aide au fonctionnement des structures d'insertion par l'activité économique. Les structures d'insertion par l'activité économique peuvent aussi rechercher des aides auprès des collectivités territoriales afin de financer les frais de formation, d’encadrement, apporter des subventions ou encore acheter certaines prestations.
Les chantiers d'insertion de l'Îlot : une démarche novatrice en termes de structures d'insertion par l'activité économique (SIAE)
C’est en 1990 que l’Îlot a créé ses premiers ateliers et chantiers d’insertion pour procurer une activité professionnelle aux personnes hébergées dans ses CHRS amiénois.
En effet, les Ateliers de l’Îlot trouvent naturellement leur place dans la réalisation de l’objectif de l’Îlot de réinsérer des personnes rejetées de la société et en grande détresse, notamment celles qui font ou ont fait l’objet d’une peine de justice. À Amiens, les Ateliers de l’Îlot permettent chaque année à plus d’une centaine de personnes éloignées de l’emploi de travailler et de retrouver une place dans notre société. Nos professionnels les forment à la mécanique automobile, à la carrosserie, à la restauration et les accompagnent dans leur recherche d’emploi. Ces encadrants techniques ont un rôle essentiel auprès des salariés en insertion car ils sont dans le même esprit que le compagnonnage. Au-delà de la formation à un métier, c’est l’apprentissage de l’autonomie et du vivre-ensemble qui est en jeu.
En 2009, l’Îlot a inventé un nouveau type d’atelier d’insertion, l’Atelier Qualification-Insertion, sur la base d’un constat sans appel : les difficultés pour trouver un emploi sont accrues pour les personnes sans qualification, dont le parcours professionnel est à « trous » comme pour celles qui sont passées par la prison ou encore sous main de justice. L’accès à un emploi est compliqué : manque de qualification (plus de 40% des personnes détenues n’ont aucun diplôme) pas d’expérience professionnelle récente, absence de réseau, préjugés à l’égard des personnes qui ont connu la prison, etc.
L’importance du diplôme semblait à l’époque essentielle alors qu’elle ne faisait pas partie du parcours classique que proposaient les chantiers d’insertion, comme ceux de nos Ateliers de l’Îlot à Amiens. La création des AQI répondait à ce besoin d’un titre diplômant indispensable aux yeux de bon nombre d’employeurs. La grande innovation est fondée sur le fait d’assurer un salaire à ces personnes en formation (au travers d’un contrat à durée déterminée d’insertion) afin qu’elles ne décrochent pas faute de ressources financières.
Organisé sous forme de promotion annuelle, le dispositif proposé repose sur une formation complète de neuf mois et l’obtention d’un diplôme d’agent de restauration collective. Après Paris en 2009, les Ateliers Qualification-Insertion ont été déployés à Aubervilliers en 2012, puis à Amiens en 2015. Les AQI ont pour objectif d’accompagner principalement des personnes sous-main de justice vers une réinsertion sociale et professionnelle puisqu’elles représentent 80% des promotions.
L'Îlot : un accompagnement personnalisé sous l'égide d'ateliers d'insertion
Ainsi, pour faciliter une insertion professionnelle durable, l'Îlot propose un accompagnement vers l’emploi des personnes rencontrant des difficultés. Que ce soit dans nos ateliers et chantiers d’insertion ou dans notre AQI, les personnes suivant un parcours de réinsertion bénéficient d’un suivi adapté et personnalisé de la part de conseillers en insertion professionnelle (CIP). Les CIP s’adaptent au profil de chaque personne pour réfléchir aux solutions d’emploi qui s’ouvrent à elles et co-construire en premier lieu un projet professionnel. Par ailleurs, les CIP donnent les clés pour rédiger un CV et une lettre de motivation, entreprendre une recherche d’emploi efficace, préparer aux entretiens d’embauche, etc. Ils s’appuient sur un réseau d’entreprises et d’institutions partenaires (Pôle Emploi, missions locales, ateliers et chantiers d’insertion, entreprises locales) pour proposer des offres d’emploi à nos bénéficiaires, ainsi que des stages pour découvrir de nouveaux métiers.
Persuadés que l’insertion par l’activité économique est une véritable opportunité de se réinsérer pour les personnes qui ont connu la prison ou sont encore sous main de justice, nous souhaitons développer notre offre et diversifier la nature de nos chantiers. En 2021 l’Îlot a été lauréate en Seine Saint-Denis de l’Appel à projet du Ministère du travail, pour créer deux nouveaux chantiers d’insertion, l’un en 2022 dans le secteur du codage informatique l’autre en 2023 dans le secteur agricole. Nous souhaitons également créer des chantiers d’insertion en milieu carcéral afin de créer une continuité entre le dedans/dehors, et éviter ainsi la rupture des parcours.