Depuis un an, Sabine est agent d’accueil à Thuillier, notre établissement pour femmes et familles en difficultés d’Amiens.
Mon métier ? Accueillir au jour le jour les résidentes, les aider parfois dans les démarches du quotidien (photocopie, coup de téléphone à l’école ou au médecin…), les écouter, les rassurer surtout lorsqu’elles viennent d’arriver…
Les nouvelles arrivantes sont un peu désorientées. Parce que la maison est grande, mais surtout parce qu’il y a plein d’autres résidentes, qui ont parfois les mêmes problèmes. En les voyant, en se voyant à travers elles, elles se demandent si elles vont arriver à s’en sortir.
Je travaille le matin, de 7 heures à 15 heures. Cela veut dire que c’est bien souvent moi qui accueille les personnes arrivées pendant la nuit en composant le 115 et qui leur présente les lieux. C’est aussi moi qui accueille les infirmières, et qui fait le lien entre l’équipe de nuit et l’équipe de jour. Un agent d’accueil, c’est un peu un agent de liaison !
Ensuite je prépare le petit déjeuner, je réponds au téléphone, et puis il peut m’arriver de travailler sur une affiche, de prévenir quelqu’un pour un RDV annulé ou déplacé, d’aller chercher des dossiers, de trier les papiers… Il y a toujours quelque chose à faire, même le dimanche à 7 heures ! Par exemple, je fais un tour dans les étages pour voir si tous les extincteurs y sont bien. Depuis ma formation aux premiers secours je le fais tous les matins.
Mon travail c’est aussi de savoir à tout moment qui est entré, qui est sorti, mais surtout qui est entré, si les personnes qui entrent sont des visiteurs attendus ou non…
Pour les personnes hébergées, j’ai un statut informel. Elles viennent me parler plus facilement qu’à un travailleur social, surtout le week-end ou tôt le matin, avant l’arrivée de l’équipe. On peut avoir des conversations légères ou plus générales, et puis je vois si une personne a besoin d’un contact physique, qu’on lui prenne la main par exemple… c’est plus facile pour moi que pour un assistant social ou un éducateur !
En général, je garde nos conversations pour moi, c’est une question de confiance… mais pas lorsque la situation est grave. Par exemple si une personne a des pensées suicidaires… Dans ce cas, j’alerte l’équipe.
Les résidentes sont confrontées à toutes sortes de difficultés mais surtout à leurs angoisses. Avant de retrouver une vie sociale elles doivent sortir du conflit ou du mutisme, surtout lorsqu’elles sortent de prison et qu’elles ont peur du regard des autres.
Ce qui est difficile, c’est de voir des résidentes aux prises avec des problèmes de papiers, d’alcool, des résidentes qui « retombent » dans les difficultés passées, et de se dire qu’on ne peut rien faire de plus que les écouter, leur donner des conseils.
Mais c’est enrichissant, comme travail. J’ai beaucoup appris.