Nawel, pouvez-vous nous présenter votre parcours et ce qui vous a donné envie de vous impliquer dans le projet de l’organisme de formation ?
Après un bac littéraire et des études de droit, j’ai travaillé comme surveillante en collège pendant huit ans avant de préparer le concours d’éducatrice spécialisée. Durant ma formation, j’ai effectué plusieurs stages, notamment dans le champ du handicap et en insertion, où j’ai découvert l’Îlot. C’est à cette occasion que j’ai commencé à animer des ateliers de médiation éducative, notamment avec l’organisation d’une sortie culturelle puis des cours de français langue étrangère en tant que bénévole. Ce stage à la Passerelle a été révélateur pour moi, c’était là que je voulais travailler.
En 2012, je suis devenue salariée de l’Îlot, en tant qu'éducatrice spécialisée à la Passerelle, notre accueil de jour. Un emploi en parfaite cohérence avec mon goût pour la transmission.
Ce qui m’a donné envie de m’impliquer dans l’organisme de formation, c’est cette passion pour l’accompagnement, la pédagogie et le partage de savoirs. Cette vocation s'est renforcée grâce à, mes expériences au sein des chantiers de l’Îlot, où j’ai travaillé sur des projets liés au bénévolat et à la formation. Mon parcours de 12 ans auprès de publics vulnérables à l’Accueil de jour a aussi nourri cette envie d’agir, en me permettant de développer une approche à la fois humaine et adaptée aux besoins de chacun
Qu’est-ce qui vous enthousiasme le plus dans ce projet ?
Ce qui me motive particulièrement, c’est le volet collectif et transmission. L’organisme de formation me permet de développer de nouvelles compétences en ingénierie pédagogique et en techniques d’animation, tout en mettant à profit mon expertise de terrain. J’aime pouvoir prendre du recul, travailler sur des sujets de fond et construire des outils adaptés aux besoins des publics que nous accompagnons à la Passerelle. Ce projet est aussi une occasion d’apprendre, de rendre les thématiques plus ludiques et accessibles, et surtout de replacer les personnes accompagnées au centre de leur parcours. Pour moi, c’est une manière de joindre l’utile à l’agréable : transmettre, apprendre et contribuer à l’autonomie des personnes que nous accompagnons.
Sur quelles thématiques avez-vous déjà travaillé ?
J’ai déjà travaillé sur des thématiques variées comme le savoir-habiter, la santé, le budget, le bien-être, ou encore l’emploi. Ces sujets sont très transversaux et je m’appuie sur mon expérience quotidienne pour enrichir les séquences. J’ai particulièrement apprécié tester les ateliers à la Passerelle, où l’on peut travailler en petits groupes avec les résidents.
De surcroît le développement du volet emploi à la Passerelle, soutenu par le Fonds social européen (FSE+), a marqué pour moi une étape clé. Ce projet a permis d’intégrer l’emploi au cœur de notre accompagnement socioéducatif, en en faisant un levier de remobilisation pour les personnes accompagnées. J’ai été particulièrement touchée de voir comment ce programme leur a permis de reprendre confiance en elles : retravailler leur CV, réapprendre les codes de l’emploi, se préparer aux entretiens… Autant d’étapes qui ont souvent ouvert une nouvelle dynamique et aidé à se projeter dans l’avenir.
Ce qui m’a aussi inspirée, c’est la dimension collective de ce travail : animer des ateliers avec les résidents dans des espaces comme le réfectoire, coanimer avec des partenaires comme la Caisse d’assurance maladie (CAF), et tester de nouveaux modules. J’ai hâte de poursuivre l’évaluation de ces outils avec les personnes accompagnées pour les affiner encore.
Ce soutient du FSE+ nous a offert l’opportunité de travailler en profondeur sur l’insertion professionnelle, en prenant le temps nécessaire. Pour moi, ce volet s’articule parfaitement avec mon engagement dans l’organisme de formation : d’un côté, je contribue à développer des outils pédagogiques et des méthodes de transmission ; de l’autre, j’accompagne concrètement les personnes vers l’emploi, un facteur essentiel d’autonomie et d’inclusion durable.
Pendant l’entretien ; Guy est venu nous annoncer qu’il commençait un CDDI comme agent polyvalent au sein d’un SIAE du territoire, il est hébergé au CHU La Passerelle.
Sarah, comment et pourquoi l’Îlot a-t-il décidé de créer un organisme de formation ?
L’organisme de formation constitue l’un des axes stratégiques de l’Îlot, en cohérence avec son plan de développement. Ce plan, adopté pendant la période du COVID à l’issue de groupes de travail portant sur des thématiques telles que le bénévolat, l’emploi et la formation des Personnes placées sous main de justice (PPSMJ), a été animé par des membres du conseil d’administration, des salariés de l’Îlot ainsi que des partenaires extérieurs.
Grâce à différents financements privés, plusieurs actions ont pu être mises en place depuis le second semestre 2023.
Une enquête menée auprès de 10 % des personnes accompagnées par l’Îlot afin d’identifier leurs besoins en matière de formation et de remobilisation professionnelle, notamment autour des compétences transversales. La parole des personnes accompagnées est au cœur de notre démarche, afin de construire des parcours adaptés à leurs attentes.
Le pilotage d’un groupe de travail ayant conduit diverses actions, dont le recensement des outils existants d’ateliers collectifs dans les différents établissements et l’identification des besoins des publics accompagnés.
L’élaboration de trois parcours de formation de remobilisation professionnelle, complétés par divers ateliers pouvant être proposés en collectif. Aujourd’hui, une trentaine d’ateliers sont disponibles pour les professionnels. Les séquences ont été conçues par les équipes de l’Îlot au travers de temps de travail dédiés.
Une formation interne destinée à renforcer les compétences permanentes de l’Îlot. Ces temps visent à favoriser le développement professionnel, l’apprentissage entre pairs ainsi que la cohésion des équipes.
La mise en œuvre sur différents sites : par exemple, les TIG pédagogiques (programme collectif de 4 jours) et le pôle Programmes (séquence hebdomadaire tous les jeudis après-midi, dans une logique d’entrées et sorties permanentes).
Comment l’organisme de formation s’articule-t-il aujourd’hui avec les autres services de l’Îlot ?
L’organisme de formation travail en collaboration avec l’équipe des TIG pédagogiques pour l’animation des sessions collectives, par exemple en 2025, 6 sessions de TIG ont eu lieu en Île-de-France. Elle s’appuie sur l’ingénierie pédagogique développé par l’organisme de formation.
L’organisme de formation intervient aujourd’hui, dans le cadre des projets de développement de l’Îlot. Les séquences proposées et développées par l’organisme de formation sont utilisées par le pôle programmes d’accompagnement socio-professionnel dans le cadre de leur intervention en collectif. Les professionnelles bénéficient de kit pédagogique clés en main pour animer les séquences. Elles peuvent être animées dans l’ensemble ou par bloc.
Les sites hébergement s’en saisissent aussi, notamment pour les thématiques du logement, du savoir-habiter pour animer des temps avec des petits collectifs avec les personnes hébergées.