Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Ludovic Gorez, je suis arrivé à l’Îlot le 18 juin 2020 en tant que chargé de développement pour les activités des ateliers de Montières et depuis janvier 2021, j’ai pris la place de responsable d’établissement. J’ai travaillé dans différents domaines, la logistique pendant douze ans, chez Apple pendant cinq ans et dans l’IAE (l’Insertion par l’Activité Economique) depuis quelques années. Aujourd’hui, mon métier en tant que responsable d’établissement, c’est de voir quelles sont les activités qui fonctionnent et celles qui pourraient être améliorées. C’est également s’interroger sur d’autres activités que l’on pourrait proposer et prendre en compte là où il y a le plus de débouchés pour les salariés que nous employons.
Qu’est-ce qu’un chantier d’insertion et à quels besoins répond-il ?
Le chantier d’insertion poursuit l’objectif du retour à l’emploi de personnes qui en sont éloignées : cela peut concerner des personnes qui connaissent un chômage de longue durée mais également des personnes qui sortent de l’univers carcéral. À travers des parcours allant de quatre à vingt-quatre mois, notre mission est de les accompagner, les former et les professionnaliser. Dans le métier de la cuisine par exemple, on va d’abord amener la personne à respecter les horaires, la tenue de travail, adopter le bon comportement avec le reste de l’équipe pour, petit à petit, monter en compétences. Elles auront des périodes de mise en situation en milieu professionnel pour voir si le projet leur correspond réellement.
Quel est le profil des salariés en insertion des ateliers de l’Îlot ?
Les profils des salariés sont divers. Il peut y avoir des personnes aussi bien âgées de dix-huit ans comme des personnes qui sont proches de l’âge de la retraite. Nous avons des personnes qui ne sont pas diplômées et certaines qui sont titulaires d’un doctorat. Ce sont des personnes qui ont rencontré des problèmes dans leurs parcours de vie et qui ont besoin de retrouver un cadre, de bonnes habitudes, afin de retrouver le chemin vers l’emploi.
Même si le panel est très large, nous avons une spécificité à l’Îlot qui est de travailler avec le public qui qui a eu affaire avec la justice
Comment sont-ils orientés vers les Ateliers ?
Il existe des partenariats, notamment avec Pôle Emploi, le Service pénitentiaire d’insertion et de probation (SPIP), la mission locale et le Plan local pour l’insertion et l’emploi (PLIE). Grâce à des plateformes novatrices, mises en place par Pôle Emploi, nous pouvons également faire du recrutement. Cela permet à un maximum de personnes de consulter, connaître nos ateliers et proposer leurs candidatures.
Quels sont les différents ateliers proposés par l’Îlot à Amiens ?
Nous proposons 3 ateliers :
- Un atelier cuisine avec self, qui peut accueillir en places assises une soixantaine de personnes et une cuisine centrale, qui livre les repas en Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) et Centre d’hébergement d’urgence (CHU). C’est un gros chantier, qui d’ailleurs accueille des sessions AQI (Atelier Qualification-Insertion);
- Un atelier menuiserie, il s’agit de la restauration de meubles et de décapage;
- Un atelier mécanique, l’Auto Bleue dont une activité de nettoyage de véhicules.
En moyenne, ce sont 120 personnes qui passent sur le dispositif en un an. Elles ne sont pas toutes là en même temps, il y a une rotation, car les entrées et les sorties sont en fonction de l’évolution de chacun.
Pouvez-vous nous parler davantage des AQI et à quels besoins répondent-ils ?
Les Ateliers Qualification-Insertion (AQI) permettent sur une période plus courte qu’un CDDI (Contrat à durée déterminée d’insertion, qui peut aller jusqu’à 24 mois), de renforcer la formation et l’accès à l’emploi. Les personnes sont avec nous pour une durée de huit mois et vont aller en formation chez certains de nos partenaires. Elles bénéficieront d’une formation théorique ainsi que d’une formation sur le terrain, elles pourront ainsi voir tous les aspects du métier. En fin de parcours, elles se verront délivrer un titre professionnel, sous réserve de valider cette attestation.
Qu’est-ce qui vous procure le plus de plaisir dans votre travail ?
Ce qui me procure le plus de plaisir, c’est d’avoir un salarié qui arrive ici avec des problématiques, qui trouve sa place dans le chantier d’insertion et qui repart avec un projet de retour à l’emploi.
C’est également le fait de pouvoir valoriser ces personnes, qui sont pleines d’envie, il faut juste les mettre dans les bonnes conditions. Avoir une mission vis-à-vis de ces personnes qui sont en situation de grandes difficultés c’est ce qui me motive le plus.
Comment aidez-vous les salariés à trouver un emploi durable après leurs contrats d’insertion ?
Nous avons un dispositif avec nos encadrants techniques d’insertion et nos conseillers en insertion professionnelle qui vont les mettre en situation dans une entreprise afin de voir si l’activité leur plaît.
Cela nous permet d’avoir des retours sur leurs comportements et s’il y a des choses à retravailler avec eux. Cet accompagnement est suivi, tout au long du parcours, avec des formations à l’extérieur, des bénévoles qui interviennent et les aident, que ce soit pour rédiger un C.V., obtenir un entretien d’embauche ou encore acquérir les compétences clés (lire, écrire, compter). Tout ce dispositif se met en place dès leur arrivée afin qu’ils puissent repartir vers l’emploi.
Avez-vous des partenaires locaux pour soutenir les Ateliers ?
Nous avons des partenaires locaux : le département de la Somme, DREETS. Nous faisons partie du Club d’Insertion par l’Activité Economique (IAE), où nous sommes plusieurs structures d’insertion. Nous mettons en commun nos savoir-faire, nos relations, nos contacts de façon à tous profiter des expériences les uns des autres. Nos partenaires sont nombreux, solides et tous attachés à ce qu’est l’insertion.
Est-ce que l’Ilot participe à des événements professionnels liés à la réinsertion par l’emploi ?
L’Îlot participe le plus souvent possible à des interventions à l’extérieur, des forums liés à l’IAE, (l’Insertion par l’Activité Economique). Ces événements nous permettent de constituer un vivier de personnes en recherche d’emplois, ce qui peut être intéressant pour les employeurs. Cela nous permet aussi de rencontrer des partenaires locaux, de voir où nous pourrions nous placer et quelles activités nous pourrions développer.