Josquin, infirmier
J’ai été diplômé infirmier en 2013. J’ai commencé à travailler en EHPAD, puis j’ai changé de structures, jusqu’à occuper des fonctions d’infirmier coordinateur, un poste un peu différent. Au bout d’un moment, j’avais fait le tour de la question. J’ai eu envie de me rapprocher de l’humain, de retrouver du sens. J’ai toujours eu une appétence pour le social, c’est mon « côté Saint-Bernard ».
En 2022, j’ai vu une offre d’emploi pour les Lits halte soins santé résidentiels. Je voulais travailler à l’Îlot parce que j’aime travailler avec ce public. Ceux qu’on ne veut pas voir : les sortants de prison, les personnes à la rue, les gens en squat, etc. Ce sont des personnes que la société met de côté, et c’est justement pour ça que j’ai envie de m’en occuper. C’est quelque chose qui me tient vraiment à cœur. Et depuis octobre 2023, je fais partie de l’équipe des Lits halte soins santé mobiles.
Dans le milieu hospitalier « classique », c’est très cadré, très hiérarchisé. On est dans un environnement entre quatre murs, avec une chaîne de commandement assez lourde : des chefs, des sous-chefs, des cadres de santé, des cadres supérieurs, etc. Il y a énormément de procédures, tout est très normé. Avec les Lits halte soins santé mobiles, ce qui change, c’est qu’on sort de ce cadre-là. On est beaucoup plus proches du terrain, plus réactifs, beaucoup plus proches de l’humain aussi, je trouve. C'est beaucoup plus épanouissant pour un professionnel de santé de pouvoir agir directement chez la personne ou dans la rue. On (re)met le bénéficiaire au centre de nos attentions. On travaille autrement, avec une vraie liberté et un esprit d’équipe.
Dans un service de santé classique, la personne est hospitalisée jusqu’à ce qu’elle aille mieux. Une fois soignée, la mission est considérée comme accomplie et après, on ne sait plus ce qu’elle devient. Avec les Lits halte soins santé mobiles, c’est totalement différent : on a la possibilité de prendre la personne en charge du début à la fin, et même au-delà. On peut la suivre dans son parcours, voir ce qu’elle devient, dans quelles conditions elle sort, si elle a un logement, si elle avance au niveau social, si elle peut potentiellement retrouver du travail.
Travailler avec des personnes qui viennent de la rue, ça change aussi notre façon de penser, notre posture de soignant. Quand on vient du milieu hospitalier classique, on est habitué à des résultats médicaux rapides, concrets. Ici, on apprend à fonctionner autrement. On vise les mêmes résultats, mais sur un temps beaucoup plus long, avec un public totalement différent. Et ça, c’est une force incroyable de notre accompagnement. Chaque petite avancée devient une victoire. Le simple fait qu’une personne se présente à un rendez-vous, par exemple, c’est déjà énorme. Ce ne sont pas des "petits" progrès ce sont des étapes clés dans un parcours de vie.
