27/09/2019

« Construire la réinsertion dès l’exécution de la peine »

A l'occasion de son cinquantième anniversaire, l'Îlot a organisé un colloque intitulé "Construire la réinsertion dès l'exécution de la peine", le 27 septembre 2019 au Palais du Luxembourg, sous le haut patronage du Garde des Sceaux, Nicole Belloubet.

Cette journée fut introduite par Yaël Braun-Pivet, présidente de la Commission des Lois de l'Assemblée nationale, qui a rappelé la synergie indispensable entre décideurs politiques, administration pénitentiaire, associations et personnel pour accompagner les personnes sortant de prison vers la réinsertion.

Xavier Allouis, ancien directeur général de l’Îlot de 2003 à 2010, a présenté les étapes clés de l’association de sa création à aujourd’hui, en passant par son projet d’origine, ses innovations dans l’accueil de personnes sous bracelet électronique et la création des ateliers qualification-insertion. François-Marie Tarasconi, directeur pénitentiaire d’insertion et de probation de Paris a exposé les facteurs déterminants dans le succès du lien entre la DISP et l’Îlot lors de la prise en charge des personnes sous main de justice sans domicile. Cette réussite qui s’est créée dans ce cadre particulier, n’est pour autant pas la règle des pratiques actuelles.

Pourquoi la coordination entre les acteurs est-elle complexe ? Comment lever les freins pour améliorer le suivi des personnes détenues ? Une table ronde réunissant un médecin, des responsables d’associations, et l’ancienne directrice de la prison de Paris la Santé, a essayé de répondre à ces questions. Tous s’accordent sur la nécessité de mieux se connaître, d’institutionnaliser ces temps de rencontres, de lier milieu fermé et milieu ouvert grâce au SPIP coordinateur de l’ensemble des acteurs.
A l’étranger, il existe une pratique qui a fait ses preuves en termes de coordination des acteurs et de lutte contre la récidive : la justice résolutive. Née aux Etats-Unis à la fin des années 80, cette pratique, présentée par Laurence Begon, magistrate formatrice, est transposable en France, tout en l’adaptant à notre culture et à nos spécificités. La justice résolutive est expérimentée depuis 2015 au Tribunal de Grande Instance de Bobigny, où il ne s’agit pas tant d’inventer un nouveau dispositif que d’adapter nos habitudes.

L’après-midi fut consacré à la question de l’emploi, enjeu clé pour l’Îlot dans le chemin vers la réinsertion. Il était essentiel d’apporter un regard historique pour mettre en perspective la question du travail en prison. En quoi l’architecture pénitentiaire influe sur les activités professionnelles proposées en détention ? De la fin du XVIIIème siècle à aujourd’hui, le mode d’organisation du travail en prison a évolué tout autant que les raisons de faire travailler les prisonniers. Naturellement, la deuxième table ronde s’est penchée sur le travail et les actions innovantes menées aujourd’hui en France par des associations ou d’ancien entrepreneur engagé qui proposent des activités professionnelles aussi bien dans les murs qu’en dehors pour les personnes placées sous main de justice.

Pour conclure cette table ronde et donner la parole aux premiers concernés, deux personnes accompagnées par l’Îlot dans la cadre des ateliers qualification-insertion sont venues témoignées de leurs parcours de réinsertion et de leurs perspectives d’emploi.

Nicolas de Tavernost, très engagé à travers la Fondation M6 sur la thématique carcérale, a mis en avant le rôle des entreprises comme lieu d’inclusion sociale.
Enfin Amin Mbarki, Chef du département des politiques sociales et des partenariats à l’administration pénitentiaire, a remplacé le Garde des Sceaux retenu par l’actualité. Il a conclu la journée en rappelant l’objectif de décloisonnement de l’administration pénitentiaire, et les deux axes forts et primordiaux de la loi de programmation 2018-2022, au cœur de la réinsertion, que sont le logement et l’emploi.

Le regard d’artistes a ponctué cette journée pour avoir un tour d’horizon complet et vivant. Deux dessinateurs de presse, Xavier Gorce et Tommy Dessine, ont illustré avec humour les échanges de la journée, tandis que le photographe Grégoire Korganow est venu présenter un extrait de son nouveau film qui réunit des personnes libres et des personnes détenues autour des rêves de ces dernières. Tourné en partie dans un de nos établissements amiénois, une des lectures est faite par une personne accueillie à l’Îlot et qui entre en résonnance avec le rêve d’un autre homme en prison.

Déjeuner et cocktail furent préparés et servis par les salariés de l’atelier de réinsertion, l’Îlot Gourmand, à Amiens. Une journée où les temps de débats et d’échanges, mais également de pauses restauratrices furent entièrement consacrés à la thématique de la réinsertion.

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