04/09/2015

Saïd, salarié en insertion à l'AQI Paris

"Le diplôme, c'est une finalité. C'est rare pour nous les marginaux."

Après 11 mois de formation préparant au métier d'agent de restauration au sein de l'Îlot et l'obtention d'un titre qualifiant, Saïd revient sur son parcours et évoque ses projets.

Je n’avais rien en vue après la prison. Durant quelques mois, j’ai été aidé par une association qui m’a proposé de travailler dans le nettoyage public. 200 euros de chèques-services me permettaient de compléter mon RSA chaque fin de mois. Le plus important pour moi était de combler le temps. M’occuper. Ne pas gamberger. Un jour, on m’a parlé de l’atelier de l’Îlot. L’Îlot, je connaissais pour y avoir été hébergé il y a 7 ans, avant de partir en cure de désintoxication. Ça m’avait permis de ne pas vagabonder, de ne pas retourner faire n’importe quoi sous prétexte que je n’avais rien à perdre…
La formation était faite pour des gens comme nous. Ça m’a tout de suite rassuré. Ça faisait un an que j’étais sorti de prison, prêt à m’en sortir, et j’ai pu l’intégrer.

L’encadrement était très bien, au moindre souci, il y avait toujours quelqu’un pour nous renseigner et nous aider. Toutes les semaines, on faisait le point en groupe, avec l’équipe de l’Îlot. C’était rassembleur. Ça permettait de maintenir l’ambiance et la motivation. Le cadre est important pour les sortants de prison. Par expérience, je peux vous dire que si on nous laisse une porte ouverte, ça peut vite dégénérer. C’est le principe des marginaux qui n’ont pas de méthode, qui sont habitués à faire ce qu’ils veulent : on a tendance à vite abandonner.

Pourquoi ça a marché pour nous ? Parce que nous avons pris conscience que nous étions aidés et compris. Nous avions un point d’appui. Impossible, dans ces conditions, de trouver toutes les excuses du monde pour nous mettre en échec. L’examen, le diplôme, c’est une finalité. C'est rare pour nous, les marginaux. C’est le revers de notre assiduité, c’est un mélange de satisfaction et de fierté. Car ça n’a pas été rose tous les jours. Les horaires étaient difficiles, j’ai eu mes coups de blues et mes moments de doute. Je reste conscient que ce n’est pas la porte ouverte à tout. On a un bagage en plus mais on ne pourra réussir que s’y on y met du sien. Mais je veux partir sur de bonnes bases.

Je vais maintenant chercher un contrat aidé – difficile d’envisager autre chose avec mon parcours. D’ici 2 ans, j’espère avoir assez économisé pour quitter Paris, et m’installer en Bretagne.

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