Comment avez-vous découvert l’Îlot et qu’est-ce qui vous a attiré vers ce programme ?
En détention, ma CPIP (Conseillère pénitentiaire d’insertion et de probation) m’a parlé des Ateliers de l’Îlot. Pour obtenir un aménagement de peine, il faut présenter un projet professionnel. Même si je souhaitais me tourner vers un métier lié au sport, l’idée d’intégrer un chantier d’insertion en cuisine m’a semblé très enrichissante : cela me permettait de remettre un pied dans le monde du travail, de retrouver un rythme, un cadre et un objectif. J’avais déjà une expérience en cuisine pendant ma détention, et obtenir un diplôme me donnerait de meilleures chances de trouver un emploi.
Quelles étapes avez-vous suivies pour intégrer ce dispositif ?
Je suis passé par ma CPIP, qui a organisé un entretien. J’y ai rencontré Isabelle, (responsable des Ateliers et chantiers d’insertion en Île-de-France), et Marie, (Conseillère en insertion professionnelle). Il y a eu une sélection parmi les candidats, et j’ai ensuite reçu une réponse positive.
Quelles compétences aviez-vous avant l’Îlot, et qu’avez-vous acquises depuis votre intégration ?
En détention, j’avais déjà travaillé en cuisine, plutôt orientée « gastronomique ». Ici, je me suis ouvert à la restauration collective. J’ai appris à m’adapter à différentes équipes et méthodes de travail. D’un point de vue technique, j’ai énormément progressé : modes de cuisson, conservation, mais aussi les normes HACCP (Analyse des dangers et maîtrise des points critiques). Depuis mon arrivée, j’ai effectué deux stages de six semaines, ce qui m’a permis d’acquérir une solide expérience pratique.
Comment votre situation administrative a-t-elle évolué pendant cette période ?
Je suis assez autonome, et j’ai pu gérer seul mes démarches (CAF, fiches de paie, etc.), tout en sachant que l’équipe était là en cas de besoin. Leur présence et leur bienveillance m’ont permis de gagner en confiance et en autonomie, ce qui est très important.
Quels obstacles avez-vous réussi à surmonter grâce à l’équipe de l’Îlot ?
Travailler en groupe n’est jamais simple : chacun a sa personnalité et sa manière de faire. Mais cette mixité - hommes, femmes, personnes au RSA, anciens détenus - est extrêmement enrichissante. Cela m’a permis de me confronter à différents profils et de mieux comprendre les autres.
Quels sont vos projets pour l’avenir, et quel rôle l’Îlot y joue-t-il ?
Je vais travailler en cuisine tout en poursuivant mon rêve de devenir coach sportif. C’est un projet sur lequel je suis aussi épaulé par l’équipe des Ateliers. Sans l’Îlot, je n’aurais pas pu me projeter ainsi. Après 19 ans de détention, leur soutien a été essentiel, psychologiquement surtout. J’ai aujourd’hui 40 ans, et ça m’a beaucoup aidé d’avoir des personnes qui croient en moi, sans jugement, avec beaucoup de bienveillance. Ça m’a donné un réseau, une première expérience, et un cadre. La rigueur des cours et des stages m’a aidé à structurer ma sortie, je sais que je vais me réinsérer et que le passé c’est le passé.
Je tiens à remercier l’association et toutes les personnes qui la font vivre. L’accueil, le cadre et l’humanité offerts sont essentiels : ils donnent une véritable seconde chance. Chacun apporte sa pierre à l’édifice, et cela a été précieux pour moi.



