Qu'est-ce qui a motivé votre décision de rejoindre le Conseil d'administration de l'Îlot ?
La première chose qui m’a motivé c'est que nous avons créé, il y a un peu plus de 10 ans lorsque j’avais la charge de M6, une fondation pour les prisons, ce qui a paru un peu curieux parce qu’il y a beaucoup de fondations qui sont en lien avec l'activité directe.
Mais j'avais été frappé de voir que c'était un domaine dont on se préoccupait peu, il y avait un monde associatif autour des prisons, mais qui était mal connu et disposait de peu de moyens. Nous avons décidé de nous occuper de cette question avec deux objectifs. Le premier : est-ce qu'on peut contribuer à améliorer un peu les choses en prison de façon à éviter la récidive ? Qui est évidemment très importante parmi la population, notamment jeune, dans les prisons. Le deuxième objectif : aider à la reconversion après que les peines sont purgées pour essayer de sociabiliser et encourager la reconversion des personnes sortant de prison.
À partir de là nous avons connu l'Îlot, puisqu’une des caractéristiques de l'Îlot est évidemment de pouvoir héberger des personnes précaires ou des personnes en difficulté et notamment les personnes sortant de prison ou sous main de justice.
Ma deuxième motivation c'est Félix de Belloy, président de l'Îlot qui m'a sollicité pour venir au Conseil d’administration. Cela m'a intéressé parce j’ai vu que c'est une personnalité dynamique, innovante et encourageante. Je me suis dit que s’il s'est engagé dans l'Îlot c'est pour continuer à faire avancer cette belle institution qui rend bien des services, qui est très importante, très significative. Je suis frappé par le volume d'activités que cela présente, les défis aussi qu'il y a, et donc si je peux contribuer à mieux faire connaître l'association… En tous les cas c'est une mission très intéressante et essentielle.
Quel est votre regard sur le public justice, la réinsertion, la lutte contre la récidive, qui comme vous l’avez dit, n’est malheureusement pas une cause très populaire ?
Il faut expliquer cette cause aux gens.
Lorsqu'on visite une prison on ne revient pas totalement intact. Une prison c'est un univers absolument particulier. Quand c'est « conceptuel », en se disant que « ça sert à réparer », « ça sert à punir », « ça sert à mettre de côté des individus dangereux pour la société », tout le monde adhère à cela. Quand on est dans une prison on s’aperçoit que les choses ne sont pas si simples.
Il faut évidemment la répression, il faut purger sa peine, il faut qu'il y ait ces deux motivations de réparer et de prévenir. C'est juste. Mais si on reste de la même façon, dans cet univers carcéral, ma conviction, c’est qu'on n'aura pas réglé le problème. J’ai pas mal d'admiration pour les gens qui travaillent dans le milieu pénitentiaire ils font un métier extrêmement difficile.
Il faut faire comprendre que c'est l'intérêt de la collectivité de régler ce problème. Et c'est ça qui me frappe, c'est que peu de gens ont conscience que c'est leur intérêt : s’il y a moins de récidive, il y a un plus de sécurité. Et pour qu’il y ait moins de récidive, il faut qu'il y ait du réemploi, il faut que les prisons ne soient pas des lieux criminogènes ou insalubres.
C'est très compliqué, c'est très long, mais nous avons une mission pédagogique, et c'est une de mes ambitions : faire comprendre que nous avons tous intérêt à ce que le temps de la détention et celui de la sortie de prison se passent au mieux.
Ce qui m'intéresse parmi les missions de l’Îlot, c'est de démontrer à tout un chacun, que c’est un problème à régler par la l’emploi, par la formation en prison. C’est compliqué, même s'il n'est pas dans l'air du temps, il faut l'expliquer. Il faut aussi montrer que, à travers des associations comme l’Îlot, c'est œuvre utile que de faire en sorte qu’à la sortie des prisons, pour éviter d'y retourner, il vaut mieux qu'il y ait des associations qui s’occupent de l'hébergement, de la prise en charge, etc. Et ce n'est pas du confort social.
Comment vous comptez vous impliquer auprès du conseil d'administration de l'Îlot ?
C’est faire davantage connaitre l'Îlot, à la fois des décideurs, à la fois auprès des médias. Mettre un coup de projecteur supplémentaire sur ce que fait l’Îlot. Je pense que des associations comme l’Îlot méritent vraiment d'être connues dans un cadre général, de dire : « n'occultons pas ce problème », parce que finalement, on en subit tous et toutes des conséquences.
Et qu'est-ce que sont les projets qui vous tiennent à cœur ?
Je suis assez intéressé par la réinsertion professionnelle notamment, je pense que la réinsertion passe par le travail. Ça, c'est difficile. Le travail en prison très compliqué parce qu’elles n'ont pas été faites pour ça. Et le travail, après la prison, c'était également difficile … Je vois que si on fournit des efforts, on y arrive. J'ai vu quelques prisonniers qui sont venus dans nos services, que l’on a embauchés, ça s'est bien passé et à très peu d'exceptions, ça s'est mal passé. Mais il faut se donner du mal.
Quelle est votre ambition pour l’Îlot ?
Que cette association soit davantage connue pour ses actions de réinsertion. C'est assez impressionnant quand même, ce que l’Îlot - avec sa taille - accomplit auprès des personnes sous main justice.
Je souhaite participer à sa notoriété et son développement, ce qui implique d’aller chercher des moyens privés parce que je suis sûr qu'il y a encore beaucoup de gens qui - lorsqu’on leur explique l’intérêt de la réinsertion - seront motivés. Il faut que chacun apporte sa contribution pour cela.