Vous soutenez l’Îlot depuis plusieurs années ; qu’est-ce qui vous a motivé à vous engager à nos côtés ?
J’ai toujours été sensible à la situation des personnes en prison. Mon père, artisan pâtissier, avait pris comme apprenti un jeune qui avait passé du temps en prison, ou dans une maison de redressement. À l’époque, ce n’était pas la prison pour mineurs telle qu’on la connaît aujourd’hui. Mon père avait réussi à le sortir de cette situation et à lui faire passer son CAP. Il l’avait un peu remis sur les rails. Je me rappelle aussi l’attention particulière que mon père portait aux autres. Mes parents ont toujours été très sensibles à ceux qu’on laisse de côté, aux personnes perdues ou paumées.
Selon moi la prison n’améliore pas les personnes détenues ; elle n’offre ni meilleures conditions de vie, ni bien-être. La plupart des prisons sont remplies de jeunes délinquants ou de personnes vulnérables qui n’ont pas de filet de sécurité à la sortie. On laisse sortir des gens qui se retrouvent souvent sans ressources, parfois à la rue.
Je me suis dit qu’il fallait absolument un accompagnement pour ces personnes, et l’Îlot répond à ce besoin. C'est une action qu'il faut soutenir. Absolument ! Il se trouve aussi que j’ai été assistante sociale. Cela m’a certainement rendue attentive aux plus démunis et aux laissés-pour-compte. C’est sans doute l’une des raisons pour lesquelles la mission de l’Îlot m’a semblé importante.
Que représente pour vous le fait de soutenir l’Îlot ?
Soutenir l’Îlot, c’est participer à un vrai processus de réinsertion. Il s’agit d’éviter la récidive et d’accompagner ces personnes vers une nouvelle vie digne.
Ce qui me plait surtout c’est l’accompagnement global fait par l’Îlot. Il y a la réinsertion par l’hébergement, la santé, le travail ou la formation professionnelle… Le fait de pouvoir se reconstruire par une activité utile est essentiel.
Grâce aux courriers et témoignages que je reçois, je constate l’efficacité des actions de l’Îlot. Si je n’étais pas convaincue, je ne resterais pas donatrice. On sent la profondeur du travail accompli et le chemin parcouru par ces personnes.
Selon vous, pourquoi est-il essentiel d’agir pour la réinsertion des personnes sortant de prison ?
Les services publics manquent de moyens et les travailleurs sociaux sont débordés. Les associations comme l’Îlot pallient ce manque. Par le biais de mon fils et ma belle-fille qui sont eux aussi engagés dans des actions sociales, j’ai vu des projets culturels ou éducatifs s’arrêter faute de financements, et c’est dramatique pour ceux qui en bénéficient.
Il est indispensable de donner une seconde chance aux personnes ayant connu l’incarcération parce que ce sont des êtres humains comme nous. Ils ont purgé leur peine et ont droit à une vie digne et au respect. Il n’y a pas de différences à faire entre eux et nous ; nous sommes tous égaux en droits et en dignité.
Selon vous, qu’est-ce qui est essentiel pour réussir une réinsertion ?
La qualité de la relation humaine. C’est le lien de confiance entre la personne et l’accompagnant qui permet d’avancer. Bien sûr, le travail, la formation et la santé comptent, mais sans respect et écoute, rien ne fonctionne.
Pourquoi pensez-vous qu’il est crucial de continuer à soutenir des associations comme l’Îlot ?
On ne peut pas agir seul. C’est ensemble - associations, citoyens, institutions - qu’on fait société et qu’on lutte contre les préjugés et le rejet. Seul, on ne peut pas grand-chose, et les petites associations risquent de s’épuiser.
Qu’attendez-vous d’une association comme l’Îlot ?
Que l’association continue d’exister et reste efficace. Vous êtes presque les seuls à agir sur ce champ. Et que la gestion reste saine, que l’argent serve directement aux personnes qui en ont besoin. La détresse des personnes sortant de prison... On ne peut pas laisser des gens dans cette situation. Si je devais résumer l’Îlot en un mot : irremplaçable.
Quel message aimeriez-vous adresser à une personne sortant de prison et accompagnée par l’Îlot, qui entame le chemin de la réinsertion ?
Qu’elle a beaucoup de chance d’être accompagnée par l’Îlot, qu’elle s’accroche et garde confiance parce qu'il y a des gens qui vont l’aider à tenir bon.
Et à quelqu’un qui hésiterait à soutenir l’Îlot ?
Je lui dirais qu’il peut avoir confiance. L’Îlot est une association solide, humaine, et son action est essentielle.
Les témoignages montrent que le chemin parcouru par les personnes sortant de prison est possible grâce à un accompagnement humain et soutenu. Sans cela, beaucoup auraient rechuté dans la délinquance.



