27/03/2023

Rencontre avec Catherine Rechard, réalisatrice de documentaires

Catherine Rechard est photographe-réalisatrice et auteure d’un documentaire sur la mesure de placement à l’extérieur : « Extramuros, une peine sans les murs ». Film que nous avions présenté lors d’une projection-débat organisée le 11 octobre 2022 au cinéma « les 7 Parnassiens ».

Quelle place tient le monde carcéral dans votre travail ?

Je prends des photos et fais des films sur la prison depuis l’an 2000. Pour mon premier projet, « Vies à Vies », j’avais été invitée à réaliser des portraits dans le cadre d’un atelier théâtre dans le quartier des femmes de la maison d’arrêt de Rouen. J’ai enchainé avec un travail photographique, « Système P », sur les détournements d’objets faits par des hommes en détention afin de palier à la pénurie de certains objets en prison, des objets qu’ils ne peuvent pas se payer. En faisant cette série je me suis rendue, entre autres, à la maison d’arrêt d’Alençon, un château du XIIIe siècle en plein centre. Je me suis mise à m’interroger sur la place des prisons dans la ville et celle des personnes écrouées dans la société.
Ces réflexions ont donné lieu à plusieurs documentaires : « Une Prison dans la ville », « Le déménagement », « Visages défendus », « Ai-je le droit d’avoir des droits ? ».

Pouvez-vous nous raconter la genèse d’Extramuros ?

Via un éducateur de l’association Emergences, service d’accès aux droits des sortants de prison, j’avais entendu parler de la mesure de placement à l’extérieur. Cette mesure me semblait aride, technique. Je ne voyais pas comment il était possible d’en faire le sujet d’un documentaire. Puis j’ai rencontré Marie Salmon et Nasa Shtany de l’association le MARS, Mouvement d’action et de réflexion pour l’accueil et l’insertion sociale. En les entendant parler du placement à l’extérieur, elles l’ont incarnée humainement. Elles étaient véritablement habitées par le champ des possibles qu’offre cette mesure aux personnes sous main de justice. Le « gros plus » dans ce projet était ce lien incroyable que Marie a avec les personnes qu’elle accompagne. J’ai passé presqu’un an, à venir une à deux fois par mois, sans caméra, juste pour nourrir le scénario. Marie Salmon, Nasa Shtany, comme moi et les bénéficiaires de la mesure, nous avions à cœur de montrer que le placement à l’extérieur ça marche.

En quoi la mesure de placement à l’extérieur est si positive ?

J’ai découvert cette mesure au fil de la préparation du documentaire. De technique elle est devenue humaine. Le contact avec les travailleurs sociaux est soutenu et permet de ne pas se sentir seul face à ce parcours difficile qu’est le retour dans la société. Il y a beaucoup d’échanges humains qui permettent de transformer la contrainte d’un suivi en soutien.

Quelles sont vos ambitions pour ce documentaire ?

Je souhaite qu’il soit vu par des gens moins avertis, moins informés sur le monde carcéral. Qu’ « Extramuros » contribue à faire connaitre la mesure de placement à l’extérieur et démontre que l’on peut faire autrement qu’en enfermant des gens, qu’il existe une alternative à la prison.

Nous avons besoin de vous !

Sans votre soutien, nous ne pouvons mener à bien nos missions et agir sur tous les facteurs nécessaires à une réinsertion réussie comme l’accès à l’emploi ou à un logement, et lutter ainsi contre la récidive.

Offrez une seconde chance aux personnes en grande précarité et à celles et ceux qui ont connu la prison !

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