03/02/2025

Rencontre avec Bertrand Vuillez et Pierre Touflet

Bertrand Vuillez et Pierre Touflet, respectivement pilote et co-pilote de l’équipage « 4valdos . », qui ont fait appel à notre atelier carrosserie, ont répondu à nos questions sur leur engagement dans ce rallye.

Rencontre avec Bertrand Vuillez et Pierre Touflet

Qui est l’équipage « 4valdos . » ?

BV Je m'appelle Bertrand, j'ai 20 ans et je suis étudiant en L3 à la faculté de droit de Rouen. J’aime beaucoup faire du sport, du tennis, … je suis quelqu'un de très sportif, mais surtout j’ai un hobby qui va très bien avec le 4L Trophy : j’aime les voitures ! Je suis un passionné d’automobiles. Avec Pierre, mon coéquipier, on partage cette passion. On s'est rencontrés il y a 5 ou 6 ans, et dès que nous avons commencé à discuter, nous avons découvert cet intérêt commun pour le 4L Trophy. Dès le début, on s'était promis de le faire un jour. L'année dernière, une opportunité s'est présentée et on s'est dit : "C'est maintenant ou jamais." Depuis, cela fait un an que nous préparons ce projet.
PT Je suis Pierre, le coéquipier de Bertrand pour le projet 4L Trophy qui débutera en février 2025. J'ai actuellement 20 ans, je suis en 3e année d'études dans une école d'ingénieur à Lille : l'ITEEM. Avec Bertrand, ça fait quand même des années et des années que nous nous connaissons. C'est lui qui m'a initié au sport automobile et tout ce qui en découle. On en avait déjà discuté, et on savait au fond de nous qu'on finirait par le faire. C'était une sorte de finalité, surtout avec notre passion commune pour l'automobile et particulièrement pour la 4L, une voiture emblématique de Renault.
J'avais entendu parler du projet grâce à des amis et aux copains de mes frères et sœurs plus âgés. Mais c'est avec Bertrand qu'on a vraiment commencé à imaginer la chose concrètement. Sans lui, je ne l’aurais pas fait, et je pense que c’est réciproque. J’ai toujours aimé l’automobile, mais c’est en partageant cette passion avec lui que mon intérêt s’est réellement développé. C’est une aventure spéciale, et c’est sympa de la vivre ensemble.

Pourquoi ce nom pour votre écurie ?

PT Nous nous sommes beaucoup interrogés sur le nom de notre écurie. Étant tous les deux Normands, nous voulions trouver un jeu de mots qui nous représente bien, comme beaucoup d’équipes le font autour de l’univers de la 4L.
Finalement, nous avons choisi un nom en lien avec le Calvados. Ce département de Normandie a une signification particulière pour nous, car j’y ai une maison de vacances, et c’est là que nous avons discuté pour la première fois, en personne, de ce projet. C’était un point de départ symbolique.
Même les couleurs de notre 4L font référence à cet attachement : elles rappellent les parasols des plages normandes, avec leurs teintes bleu clair et blanc. Au-delà de l’aventure, ce voyage est aussi une façon d’emmener une petite part de chez nous à l’autre bout du monde.

Pourquoi le 4L Trophy ?

BV Ce qui a motivé notre inscription, c'est avant tout notre passion commune pour les voitures et la mécanique. Le 4L Trophy est le rallye le plus connu, quand en on parle aux gens ils voient de ce qu’il s’agit.
PT J'ai eu l'occasion de découvrir différentes expériences tournées vers les autres, que ce soit à travers le mouvement scout en Île-de-France ou lors d'un projet solidaire à Madagascar. Cela m'a permis d'explorer d'autres horizons et de me confronter à l'inconnu. Le Maroc, on en entend parler, mais y aller et vivre l'aventure sur place, c'était une opportunité passionnante. En discutant avec de nombreuses personnes, j’ai remarqué que ceux qui avaient vécu le 4L Trophy en gardaient un souvenir inoubliable et qu’elle les avait marqués durablement.
C'était aussi un défi, notamment sur le plan humain. Passer une à deux semaines dans une 4L, 24h/24 avec la même personne, c'est une véritable épreuve d’amitié. Cela permet de voir jusqu'où l'on peut aller ensemble et de renforcer les liens. Quoi qu'il arrive, cette expérience nous apportera forcément quelque chose de précieux.
BV Et son volet humanitaire nous a beaucoup séduits. Une partie des frais d'inscription est reversée à des associations (La Croix-Rouge, Les Enfants du Désert, …), ce qui a permis, entre autres, de construire plusieurs écoles dans le désert marocain. Ce projet allie notre passion et une action concrète pour aider les autres, ce qui donne encore plus de sens à notre participation à ce raid.
PT Pour Les Enfants du Désert, chaque participant doit apporter deux cartables remplis de fournitures scolaires (cahiers, stylos, etc.). Cette association est très engagée au Maroc, notamment dans les zones désertiques, où elle travaille à la reconstruction des écoles et à l’amélioration des conditions d’apprentissage.
Pour La Croix-Rouge, nous devons fournir un certain volume de denrées alimentaires - entre 15 et 20 kg - qui seront directement redistribuées par l’association. L’objectif n’est pas de donner l’image d’une aide ponctuelle où « les Européens viennent distribuer de la nourriture », mais plutôt d’agir de manière solidaire et responsable.
Il est important de préciser que ce projet reste caritatif et solidaire, mais ce n’est pas une mission humanitaire. Nous ne sommes pas là pour « sauver » qui que ce soit, mais pour apporter un soutien concret à des initiatives locales.

Pourquoi collaborer avec Auto Bleue ?

PT Pour la partie mécanique nous avons trouvé un garage partenaire situé près de Rouen. Les 4L sont des voitures anciennes, et leur entretien demande du temps et du savoir-faire. Il fallait un garage expérimenté pour assurer la remise en état du véhicule avant le départ. La 4L devra rouler tous les jours sur des terrains difficiles et dans des conditions météorologiques très variées : chaleur intense, froid, humidité, zones arides… Nous voulions donc nous assurer que la voiture soit parfaitement préparée pour résister à toutes ces épreuves.
Comme ce garage ne s’occupe que de la mécanique, nous avons aussi cherché un carrossier pour compléter la préparation du véhicule. Malheureusement, nous n’avons pas trouvé de professionnel avec qui monter un véritable partenariat autour de ce projet. C’est un secteur où la main-d’œuvre est coûteuse, et la plupart des garages ne pouvaient pas nous proposer un soutien adapté à notre projet.
BV Patrick Marès, administrateur à l’Îlot, est un de nos sponsors. Il nous a fait découvrir cette association, sa mission sociale et ses ateliers de réinsertion, dont celui de la carrosserie d’Auto Bleue. Ça nous est paru cohérent avec la démarche solidaire du rallye de nous adresser à votre association pour préparer notre véhicule. L’implication de l’Îlot dans des actions solidaires et concrètes de réinsertion de publics précaires, dont le public justice, rejoint nos valeurs.
PT Finalement, nous avons pu avancer grâce à l’Îlot, qui nous a permis de donner une autre dimension à cette aventure, bien au-delà d’un simple projet automobile.

Quelles sont vos attentes vis-à-vis de ce projet ?

BV Nous attendons de nombreuses découvertes. Personnellement, je ne suis pas très manuel, donc ce projet est une opportunité d’apprendre. Monter ce projet nous a déjà permis d’acquérir de nombreuses compétences, comme la gestion de budget, la création de plaquettes de présentation et le démarchage. Par exemple, Patrick Marès, le premier que j’ai démarché, a été bienveillant et d’une grande aide. Avec Pierre, c’est fou que l’on apprend, comme la communication et le branding. Même si ce que j’apprends n’est pas lié directement à mes études de droit, les compétences acquises seront un atout précieux pour ma vie professionnelle et personnelle. Peut-être même que cette aventure pourrait devenir un tremplin pour plus tard.
PT Ce projet, c’est aussi l’occasion de rencontrer de nouvelles personnes. Forcément, avec tous les galères qu’on va traverser et l’expérience du raid, on va créer des liens avec d’autres équipages. Ça permet d’échanger avec des gens qui ont le même état d’esprit, qui veulent aller au bout des choses et vivre une aventure unique. Sur le plan perso, c’est aussi un vrai test pour notre amitié. Passer autant de temps ensemble, dans une 4L, dans des conditions parfois galères, ça va forcément mettre nos nerfs à l’épreuve. Mais justement, c’est aussi ça qui rend l’aventure encore plus forte.
Et puis, ce que j’adore avec le 4L Trophy, c’est que ce n’est pas une course de vitesse, c’est une course d’orientation. L’objectif, c’est de trouver son chemin, d’avancer intelligemment et surtout, de s’entraider entre équipages. Il y a un vrai esprit de solidarité, bien loin de la compétition pure et dure. Dans les 1 000 équipages il y en a forcément quelques-uns qui sont là pour la gagne mais je pense que la plupart viennent dans le même esprit pour vivre une expérience et en ressortir grandis.

Comment s’organise le rallye ?

PT Toutes les équipages se retrouvent à Biarritz. Cela signifie que, pour nous, le trajet est assez long, car nous partirons de Rouen. Mine de rien, nos voitures sont assez anciennes, faire un Rouen-Biarritz peut être éprouvant pour une 4L de 1980 ! A Biarritz, un contrôle complet des véhicules est effectué. Il est possible que certaines 4L ne soient pas autorisées à partir si elles sont en trop mauvais état ou si elles ne respectent pas les exigences obligatoires (matériel et documents requis, comme les passeports, l’assurance, etc.). C’est à ce moment-là qu’il est déterminé si la 4L peut prendre le départ. Si tout est en règle, les équipes reçoivent les stickers officiels, à coller sur les deux portes avant du véhicule (conducteur et passager). Ce marquage signifie que la voiture est bien engagée dans l’aventure.
BV Le rallye commence à Biarritz et se poursuit jusqu’au désert marocain. Nous n’utilisons ni GPS ni cartes, mais un roadbook (des lignes avec les numéros d’étapes le nombre de kilomètres, un schéma et un petit texte qui explique l’étape) et une boussole. Le 4L Trophy n’est pas une course contre la montre, mais une course aux kilomètres : l’objectif est de parcourir le moins de distance possible en suivant les indications du roadbook, donc en trouvant des raccourcis. L’organisation encadre les équipages et s’occupe des campements et des trajets, mais chaque équipe est autonome pour la préparation de son véhicule et la logistique. Les équipages du 4L Trophy, ne sont que des équipages de deux. Pour la préparation de la voiture, on a bien des directives, sur des choses qui sont obligatoires : un anneau de remorquage, des roues de secours, une balise, mais le reste c'est nous qui devrions le gérer. En quelque sorte, on se retrouve vraiment tous les deux à devoir organiser notre aventure.

Quelles sont les bonnes et mauvaises surprises à ce stade du raid ?

BV L’une des mauvaises surprises a été la recherche de la voiture. Ce sont plus de 1 000 4L qui participent chaque année au raid, et nous en sommes aujourd’hui à la 28e édition. Donc même si certaines ont été réutilisées, cela fait bien 20 000 de ces voitures qui sont sorties du marché de l’occasion. Les 4L sont devenues très prisées, et leurs prix ont flambé. Une 4L qui n’a pas déjà fait le 4L Trophy, qui est en bon état coûte facilement 6 000 €, voire plus. Je ne m’attendais pas du tout à ça, les prix sont démentiels. Pour des étudiants, cela fait beaucoup.

En revanche, la bonne surprise réside dans les rencontres et les échanges. Ce projet renforce également mon amitié avec Pierre et nous apprend beaucoup sur nous-mêmes.

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