Qu’est-ce que le placement à l’extérieur, plus souvent nommé placement extérieur ?
Le placement à l'extérieur est une mesure qui permet aux personnes condamnées d’exécuter leur peine à l’extérieur de la prison. La personne bénéficie d’une prise en charge réalisée le plus souvent par une association conventionnée par l’Administration pénitentiaire qui l’encadre et parfois l’héberge.
Il s'agit d'un aménagement de peine dit "sous écrou" comme la semi-liberté et le placement sous surveillance électronique, c’est un régime particulier d'exécution de peine au cours duquel la personne est soumise à des obligations tout en bénéficiant de mesures d'assistance pour ses démarches d'insertion. Tout au long de la mesure, la personne condamnée est suivie par le SPIP qui veille à ses obligations, à la prévention de la récidive et apporte un soutien en terme de réinsertion sociale.
Le placement extérieur est considéré comme l’aménagement de peine le plus efficient au regard des objectifs de réinsertion : responsabilisation de l’individu, soutien au respect des obligations de soins, (ré)insertion sociale et professionnelle, construction d’un projet de vie…
L’intérêt de cet aménagement de peine est d’éviter l’effet désocialisant de la prison, d’exécuter une partie de sa peine de prison à l’extérieur à des fins de réinsertion sociale et d’éviter les sorties sèches, facteurs de récidive.
L’origine du projet de placement extérieur aux Augustins
Sur Amiens, l’association l’APREMIS dispose d’une quarantaine de places pour accueillir des personnes en placement extérieur. Pour autant, de nombreuses personnes incarcérées ne bénéficiaient pas de cet aménagement de peine car elles ne correspondent pas au profil des personnes accueillies par cette association (personne relativement autonome ou en emploi, sous placement extérieur pour une durée d’au moins 8 mois). Pour pallier ce manque d’accompagnement de personnes détenues plus marginalisées et très éloignées de l’emploi, le directeur du SPIP de la Somme a contacté l’Îlot. Ainsi, nous accueillons des personnes venant de la maison d’arrêt d’Amiens, condamnés à de courtes peines (moins de 6 mois), dont la démarche de réinsertion est nettement plus fragile que celles reçues par l’APREMIS. Les orientations sont essentiellement faites par le SPIP et validées par le juge d’application des peines.
Avant l’intégration au sein de notre Centre d’hébergement et de réinsertion sociale (CHRS) les Augustins, nos travailleurs sociaux rencontrent une première fois la personne en détention afin de la connaître et appréhender sa motivation à rejoindre l’Îlot. Si ce premier entretien se révèle concluant, une visite est organisée au CHRS afin que la personne se projette dans l’établissement et qu’on lui présente les règles de vie en collectivité. A la fin de ce parcours, le conseiller pénitentiaire d’insertion et de probation (CPIP) valide le placement extérieur et le soumet au juge d’application des peines. C’est à partir de septembre 2020 que les premières personnes en placement extérieur ont été accueillies aux Augustins. Cette mesure d’aménagement de peine sous écrou a été accordée à 16 personnes hébergées par l'Îlot en 2021 et à 56 autres en 2022.
PLACEMENT EXTÉRIEUR : Quel suivi dans notre centre d’hébergement et de réinsertion sociale ?
Lors de leur séjour aux Augustins, les personnes en placement à l’extérieur bénéficient d’un accompagnement individuel et global comme pour toute personne accueillie dans l’établissement. A la différence des autres bénéficiaires, elles sont soumises à des contraintes et sont autorisées à sortir de l’établissement pour effectuer leurs démarches administratives, de recherche d’emploi ou de soins, uniquement de 8h à 11h30 et de 15h à 18h. Elles ont l’obligation de participer à des ateliers portant sur la citoyenneté, la gestion du budget, la recherche d’un travail, la prévention des risques en addictologie, mais aussi à des ateliers d’écriture et de relaxation. Si la justice ordonne une injonction de soins, l’Îlot se porte garant des démarches de santé.
L’accueil en placement extérieur modifie le positionnement des travailleurs sociaux. Un volet surveillance s’ajoute à l’accompagnement socio-éducatif classique. En effet, nous avons l’obligation d’alerter le SPIP en cas de retard, du non-respect des obligations fixées ou d’absence de la personne en placement à l’extérieur. SPIP qui peut le cas échéant en référer au juge d’application des peines qui décidera d’une réincarcération de la personne.
Le placement à l’extérieur reste un aménagement de peine encore peu prononcé aujourd’hui en comparaison au bracelet électronique. Au 1er juillet 2021, 951 personnes en bénéficiaient contre 14 319 personnes en bracelet électronique. L’intérêt de cette convention est d’accueillir plus de personnes et de profils différents dans le cadre du placement extérieur dans le département de la Somme. Grâce à l’Îlot, ce sont des personnes incarcérées pour de courtes peines fortement désocialisantes et éloignées de l’insertion qui peuvent profiter d’un accompagnement complet. A l’avenir, l’Îlot en accord avec l’Administration pénitentiaire pourrait proposer le placement extérieur ab initio, c’est-à-dire dès le jugement afin d’éviter le passage en prison et les risques de récidive.